Smartphone, tablette, télévision… les écrans prennent une place toujours plus importante dans le quotidien des familles. Pour mieux comprendre l’impact des écrans sur le développement des jeunes enfants et questionner leurs propres pratiques numériques, parents et professionnelles de la crèche Duployé ont participé à un Atelier Déclic. Entretien croisé entre Mélie Lages, chargée de missions sociales à la Fondation pour l’Enfance et Chadon Modio, responsable de la crèche Duployé.

Quelle est origine des Ateliers Déclic ?

Mélie Lages. Conçu par la Fondation pour l’Enfance et l’association e-Enfance/30 18, ce dispositif a vu le jour pour accompagner les parents dans la compréhension des enjeux des usages numériques en famille, et leur donner des solutions concrètes afin d’opérer un changement de comportement au sein du foyer. A l’origine, les Ateliers Déclic étaient déployés sur le lieu de travail des parents, avec le concours d’entreprises qui souhaitaient s’engager dans une démarche de prévention et d’accompagnement de leurs salariés sur le numérique.

Les interventions ciblées pour les parents de jeunes enfants sont assez récentes. Pourquoi vous adresser à ce public ?

Mélie Lages. En effet, c’est en 2025, grâce au soutien de la Fondation AFNIC pour la solidarité numérique que la Fondation pour l’Enfance a pu proposer des interventions gratuites en crèches, en écoles maternelles, dans des centres de PMI, etc…
Les premiers pas des enfants sur internet ont lieu dès 5 ans et 10 mois(1). Par ailleurs, 72% des parents ne sont pas suffisamment informés sur les impacts du numérique sur leur développement(2). Face à ces constats, il est nécessaire d’informer les parents sur le développement et les besoins de l’enfant afin de bien comprendre les impacts de l’exposition et des usages des écrans.

Vous avez été la première crèche de Crescendo à participer à ces ateliers. Qu’est-ce qui vous a plus dans ce projet ?

Chadon Modio. Les Ateliers Déclic mettent en lumière une problématique qui nous concerne tous, familles comme professionnelles de la petite enfance. Au sein de la crèche, nous accueillons des jeunes enfants qui sont très régulièrement exposés aux écrans et nous voyons les impacts que cela peut avoir sur leur développement au niveau du langage, de l’attention, de leur comportement, etc. C’était une vraie opportunité pour sensibiliser les familles aux bonnes pratiques et les accompagner dans une réflexion autour de l’usage des écrans avec leurs enfants.

Vous avez souhaité que des professionnelles y participent. Pourquoi ?

Chadon Modio. C’est important qu’elles soient informées, sensibilisées, impliquées dans ce type de projet. En tant qu’éducatrices de jeunes enfants ou autres professionnelles de la petite enfance, nous sommes en première ligne. Ces ateliers nous ont permis de réfléchir à nos propres pratiques, de mieux comprendre les enjeux et de renforcer notre posture professionnelle dans l’accompagnement des familles.

Comment s’est déroulé l’atelier ? Quels ont été les retours ?

Chadon Modio. C’était un beau moment partagé entre parents et professionnelles, utile et concret, sans distinction de rôle, où chacun a pu s’exprimer et participer activement. L’équipe a beaucoup apprécié et personnellement, j’en ressors enrichie.

Vous proposez de nombreuses mises en situation et des jeux de rôles pendant les ateliers. C’est important de proposer des solutions simples et réalistes aux familles ?

Mélie Lages. L’utilisation de mises en situation et de jeux de rôle permettent aux parents de prendre du recul sur la place qu’occupent les écrans dans leur propre foyer, et de s’intéresser au sujet avec un regard objectif. A l’issue de l’atelier, ils sont invités à prendre des engagements concrets pour exclure, réduire ou accompagner l’usage des écrans dans leur foyer : éviter les écrans pendant les repas, désactiver ses notifications en présence de son enfant, établir un dialogue sur les contenus visionnés, etc.

Chadon, vous avez pris de bonnes résolutions ?

Chadon Modio. Parfaitement ! J’ai décidé de ne plus utiliser mon téléphone comme réveil pour ne pas commencer la journée devant un écran. J’ai aussi opté pour un appareil indépendant pour écouter de la musique et j’essaie de recréer des temps sans écran, comme on pouvait avoir « avant ».

(1) Etude de l’Association e-Enfance/3018, février 2023
(2) Baromètre de la Fondation pour l’Enfance, février 2024